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Les effets néfastes du mouvement Body Positive

Le Body Positive est-il aussi positif qu’il n’y paraît ?

Aline| 📅 14/09/2020

Difficile aujourd’hui, surtout lorsque l’on est sur les réseaux sociaux, de ne pas avoir entendu parler de “body positive” (ou BOPO pour les intimes) tant cette tendance s’est répandue. Qu’est-ce que le body positive ? Est-ce vraiment aussi positif que son nom l’indique ? En effet, cette nouvelle tendance a aussi un impact sur notre vision de nous-même. Jusqu’à parfois nous imposer de nouveaux diktats.

Qu’est-ce que le Body Positive ?

Le mouvement body positive est né en 1996 aux États-Unis à l’initiative de deux femmes, Connie Sobczak et Elisabeth Scott.

A la base, le concept de body positive est hyper bienveillant. Il a pour ambition de montrer que chaque corps est beau, qu’il n’y a pas de morphologie parfaite et que toute personne est belle à sa façon. 

L’objectif principal du body positive est d’apprendre à s’aimer soi-même. 

Par ce biais, on apprend à se respecter mais aussi à respecter les autres, peu importe comment ils sont.

Grâce au body positive, on voit que la beauté existe dans chaque corps même s’il ne répond pas aux critères stéréotypés des canons de beauté relayés par les médias. Et ça, c’est génial ! 

Quel est l’objectif du Body Positive ?

Le body positive à plusieurs buts dont le principal est de faire en sorte que tout le monde s’aime tel qu’il est. 

L’amour de soi est une de ses valeurs fondamentales.

Son objectif est de construire une société qui s’occupe de changer le monde et non pas les apparences physiques. On se focalise sur la valeur d’une personne et non sur son physique.

Le body positive se veut également être l’opposé de la tendance “bikini body” où l’on fait tout pour avoir un corps parfait avant l’été. Avec le body positive, chaque body est un bikini body.

Grâce au body positive, on a vu les diktats de la mode évoluer en acceptant de voir défiler des femmes voluptueuses, avec des formes, des femmes de toutes origines couleurs, avec des maladies de peau, des cicatrices, des marques, de la cellulite, un handicap… 

Le body positive a aussi eu son fort impact dans la bataille contre les retouches photos dans le domaine de la mode. Et surtout, on ne laisse plus nos complexes avoir du pouvoir sur nous.

Le body positive vise également à booster l’estime de soi, à prendre confiance en soi et à ne pas laisser notre corps être notre limite.

Un point fort du body positive est de vouloir lutter contre la grossophobie, le racisme et toutes les atteintes au physique des personnes. 

Le Body Positive est-il aussi positive qu’il n’y parait ? 

A la base oui. Mais le souci, c’est qu’au fil du temps, le message a été repris et de plus en plus mal interprété. 

Body Positive, un diktat qui en cache un autre

L’intention de base du body positive est de supprimer les diktats de beauté imposés par les médias depuis plusieurs décennies. Et ce, afin que chacun prenne conscience que la beauté est multiple.

Sauf qu’à force de revendiquer le fait qu’il faut s’aimer tel qu’on est… le body positive peut devenir culpabilisant. En voulant supprimer certains diktats, il en impose d’autres : “Aime toi”, “Tu es belle même si tu ne le pense pas, même si tu ne te sens pas bien”.

Body Positive et santé

Chez certaines personnes – attention on ne dit pas toutes ! – le body positive peut même devenir un prétexte pour ne pas bouger ou travailler son comportement alimentaire. 

Attention, on ne parle pas de se bouger ou de faire un régime parce que la société l’impose. Mais de s’activer ou de travailler sur sa relation à l’alimentation pour que son corps soit en bonne santé. 

Quels sont les conséquences du Body Positive sur notre santé et notre alimentation ?

A l’origine, le body positive a été créé dans le but de lutter contre les troubles du comportement alimentaire. Le message était adressé aux femmes et aux hommes : “Arrête de t’infliger ce régime ou de rechercher ce corps parfait, tu es magnifique comme tu es. Prends soin de toi”. 

Le body positive, pas adapté à tout le monde

Or certaines personnes souffrent de dysmorphophobie (mauvaise perception de son corps par rapport à la réalité), d’anorexie, de bigorexie (dépendance à l’activité physique dans le but de parfaire son corps) et ne sont pas en mesure de voir leur corps tel qu’il est réellement. 

D’autres souffrent de dépression où d’autres troubles psychiques, de pathologies pouvant abîmer leur corps, ont eu de grave accidents, on subit des sévices sexuels, ont été victimes de harcèlement sur leur physiques, de remarques quotidiennement, voient leur corps comme leur prison… 

Difficile dans ces cas là d’être body positive, surtout du jour au lendemain.

Aimer son corps, ce n’est pas seulement avoir une meilleure vision de son corps. Aimer son corps, c’est avant tout avoir une meilleure vision de soi en tant que personne. C’est un travail plus psychologique que physique. Et tout le monde n’est pas prêt ou n’en a pas l’envie tout simplement. 

Le body positive, un nouveau critère de beauté ?

De nombreux témoignages sur les réseaux sociaux montrent des personnes body positives avec des parcours incroyables, des histoires de vie déchirante. Le chemin que ces personnes ont parcouru est juste fantastique. Mais tout le monde n’a pas la même histoire, le même soutien, le même rapport de base à son corps.

Cela peut-être très culpabilisant ce besoin incessant de vouloir que tout le monde soit body positive.

  • On a le droit de ne pas aimer son corps et de vouloir le changer. 
  • On a le droit de vouloir perdre du poids, de vouloir des seins plus gros ou un nez plus fin. 

Or le body positive manque cruellement de tolérance à ce niveau. 

Au lieu de faire preuve de tolérance et de laisser le libre choix à chacun, on juge sur les changements que l’on veut opérer en soit pour se sentir bien, comme si les deux : l’acceptation du corps et les changements que l’on veut y opérer étaient incompatibles. 

  • Comme si l’on pouvait aller au-delà de sa propre souffrance en devant s’accepter coûte que coûte.
  • Comme si s’accepter (tout comme maigrir finalement) n’était qu’une question de volonté.
  • Comme si l’on pouvait se lever un matin en s’aimant d’un coup, comme ça.
  • Comme si c’était à la portée de tout le monde.
  • Comme s’il fallait à nouveau rentrer dans un moule : celui du body positive.

On se met du coup une pression énorme sur les épaules. On essaie à tout prix de s’aimer. On lutte contre nous-même pour nous aussi réussir cet exploit. On culpabilise de ne pas y arriver. On se dégoûte un peu plus. On baisse dans notre estime. On a l’impression d’être vraiment nul si, même ça, on y arrive pas : s’aimer.

Et puis on a le droit de vouloir aussi changer son corps pour des raisons de santé. Le body positive tant à faire croire parfois que c’est pas grave d’être gros, qu’il faut s’accepter tel que l’on est même à 200 kg. 

Oui mais si notre vie est également en jeu ? Si notre santé mentale est fragile ? Si pleins de choses finalement qu’on occulte à coup de “mais c’est pas grave il faut t’aimer quand même” entrent en jeu dans cette histoire de body positive ?

Mon expérience avec le body positive, par Maurianne

J’ai eu envie de vous partager un peu ma propre expérience du body positive, afin de vous refléter la réalité de cette démarche. 

Remettons les choses dans leur contexte : je suis née avec un torticoli congénital. J’ai été opérée à l’âge de 6 mois mais malheureusement sans les résultats escomptés. J’ai donc aujourd’hui encore “la tête de travers” (disons les choses clairement).

Sans sortir les mouchoirs, ce torticoli a été très dur à vivre. non pas au sens physique car je n’ai jamais ressenti de douleurs, à ma grande chance mais au sens psychique : moqueries, harcèlement scolaire, surnom tel que “le monstre”, dégoût de soi, etc… 

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Ma petite Maurianne 💕

C’est important de commencer par là car oui on peut partir de loin et y arriver. Mais contrairement à ce que peut laisser croire ce terme de body positive cela n’a absolument rien de magique. 

Déjà parce que pour arriver à en parler comme je le fais là maintenant, il m’a fallu des années de travail sur moi  (13 ans pour être très précise). Quand je dis “travail”, je ne parle pas de me dire chaque jour que je suis magnifique et que je me fiche de mon torticolis. C’est totalement faux. Je ne m’en fiche pas et je ne l’accepterai jamais. 

C’est aussi ça l’un des amalgames avec le body positive : on croit qu’on doit tout accepter de ce que l’on est physiquement. C’est faux. 

La réalité n’est pas de tout “accepter” mais de se respecter petit à petit. De ne plus laisser ce que l’on est physiquement définir qui on est humainement. De se rendre compte que la démarche de body positive n’est pas entamée pour les autres. Ce n’est pas pour être accepté des autres, pour leur plaire ou pour rentrer dans la norme mais pour accepter de vivre sa vie peut importe comment on est. 

De voir que l’on a autant de légitimité d’exister avec un torticolis, un bec de lièvre, un bras ou une jambe en moins ou des kilos en trop. Chaque corps est parfaitement imparfait. 

On a le droit de ne pas aimer tout de nous. On a le droit de trouver les choses injustes. On a le droit de ressentir de la colère, de la frustration ou de la tristesse. 

Ce qui compte c’est que, grain de sable après grain de sable, on vivre ce que l’on a envie de vivre, d’être qui on a envie d’être, de faire ce que l’on rêve de faire. 

Certains jours sont plus durs que d’autres, certaines situations (comme acheter des lunettes de soleil pour moi) nous donnent l’impression de repartir en arrière. Elles nous refont même nous détester l’espace d’un bref instant.

Mais chaque jour, j’apprends que ce cou ne me définit pas et ne m’arrêtera pas dans ma vie. 

Cela demande du temps. Mais je le fais pour moi, à mon rythme et à ma façon.

Comment faire pour que le body positive soit réellement positif ?

Il est certain que pour que la notion de body positive soit vraiment positive, il faut être patient car ce travail sur soi sera très long. 

Il faut surtout le faire pour soi. Parce qu’on en a envie. Ce processus doit se faire en toute franchise avec nous-même, c’est à dire qu’on ne doit pas s’auto-persuader d’être sublime par exemple. Il faut que cette vision des choses viennent de nous, parce qu’on a envie de faire la paix avec notre corps. Et là encore, sans forcément chercher à s’aimer à tout prix ou du moins sans chercher à tout aimer de nous à tout prix. 

Cela commence par essayer de se respecter, ne serait-ce en arrêtant de se dire des phrases pas qu’on ne mérite pas d’entendre comme ‘je suis une grosse vache”, “je suis un monstre”, “je ne mérite pas d’être aimé.e”… Parce que oui, même si les remarques extérieures font énormément de mal, on est aussi son meilleur bourreau.

Une chose très compliquée lorsque l’on veut être body positive (dans le bon sens du terme), d’où le fait que cela prendra énormément de temps, c’est de se voir à travers nos yeux à nous et non ceux des autres. Pour cela, on sort des critères de “beauté”, des normes imposées, des attentes de nos proches et on recherche ce que l’on souhaite nous, pour nous.

Et quoi qu’il en soit, on peut vouloir aussi changer son corps, d’un petit changement de coupe de cheveux, ou perdre du poids, ou se faire une opération, de faire du sport pour être tonique, d’aller chez l’esthéticienne pour faire réduire cette cellulite ET être body positive. Car être body positive, c’est aussi et surtout prendre soin de soi et de son corps et être en accord avec ses choix. 

Finalement, être body positive, c’est voir son corps comme on voit son compagnon ou sa compagne : il a des défauts qui nous sortent par les yeux  mais également des qualités qui font qu’on l’aime. On ne cherche pas à le changer à tout prix, à le modeler selon les envies ou les attentes de la société mais on cohabite avec de façon bienveillante pour que tout ce passe bien même dans les mauvais jours. On s’écoute, on avance ensemble.

N’hésite pas à partager ton ressenti sur tout cela en commentaire. Que tu sois d’accord ou pas 😉

A très vite,
Aline & Maurianne

 

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